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Edith Head ou l’invention du glamour d’Hollywood

mardi 12 décembre 2017, par Guide Rousseau

C’est l’histoire d’une femme qui, durant près de cinq décennies, a rendu glamour les plus grands artistes du 7e art.

Née en Californie le 28 octobre 1897 d’un père autrichien et d’une mère bavaroise, Edith Head a suivi des études de français à Berkeley et décroché un master en langues romanes à l’université de Stanford. Alors professeur de français à la la Bishop’s School, la jeune femme attirée par l’art donne des cours de dessins et s’exerce pour améliorer son style dans la figure humaine et le costume.

Cette petite femme au style discret et sobre dont le nom était inconnu du grand public avait le don de sublimer les femmes et de masquer leurs défauts avec de simples étoffes. Petites lunettes rondes et noires, frange brune sur cheveux attachés et tailleurs ou robes cintrés à la taille. Sa volonté ? Se fondre dans le décor pour laisser seules les célébrités sous le feu des projecteurs. Elle est entrée par la petite porte du cinéma en répondant à une annonce pour un poste de dessinateur à la Paramount. Elle y restera 43 ans. A son époque, seule Marylin Monroe et quelques rares autres stars avaient plus d’influence qu’elle.
Décédée en 1981, elle est à ce jour la plus grande costumière de l’histoire du cinéma, et la femme la plus oscarisée (huit fois).
Edith Head a su créer des costumes légendaires pour les plus grandes stars d’Hollywood : Audrey Hepburn, Grace Kelly ou encore Marlène Dietrich la réclamaient à leurs côtés. Joan Crawford n’achète rien sans son accord ; d’autres actrices – comme Bette Davis, pour Eve – exigent sa présence dans les films. L’influence de la costumière est telle que la Paramount est obligée de prêter l’enfant prodige aux autres studios de production !

Plus de 1000 films à son actif, dont 47 pour la seule année 1940

Dans son studio recouvert de miroirs, elle avait le don de rendre n’importe quelle femme glamour et n’importe quel homme élégant. Son talent inné pour la mode, son imagination et son sens du style servaient les autres, réussissant à effacer leurs défauts avec ses créations. Elle pouvait camoufler le petit cou de Loretta Young ou les grands pieds d’Audrey Hepburn. Mais elle savait aussi mettre en valeur les plus belles femmes. Comme elle considérait qu’Elizabeth Taylor avait des épaules sublimes, elle lui créait des robes pour les dévoiler aux yeux du monde.

Cependant, des actrices comme Claudette Colbert, connue pour son rôle dans New York-Miami de Franck Capra, n’apprécient pas non plus son tempérament. « Elle n’aimait pas Edith Head qui n’était, à ses yeux, qu’une étudiante en art et n’avait pas confiance en ses talents artistiques. Claudette changeait constamment d’avis, elle imposait ses choix et Edith s’occupait du shopping pour satisfaire les besoins de l’actrice », explique un proche d’Edith Head, dans le livre The Fifty-Year Career of Hollywood’s Greatest Costume Designer de Jay Jorgensen. L’inimitié est réciproque, la costumière appelant l’actrice « la lâche »…

Head se fait aussi remarquer dans le métier par sa capacité à s’approprier le travail d’autrui. Son plus grand coup : son Oscar décroché pour le film Sabrina, en 1955.
Après le succès de Vacances Romaines, film pour lequel Head reçoit son 5e Oscar du meilleur costume, la Paramount veut exploiter au mieux sa jeune star tout juste oscarisée : Audrey Hepburn.

En 1954, l’actrice se voit offrir le rôle de Sabrina dans le film éponyme, véritable ode à la féminité et au chic français, dans lequel le costume tient un rôle majeur. La Paramount décide alors de confier le relooking de Miss Hepburn à un jeune couturier parisien : Hubert de Givenchy.

Munie d’une liste de suggestions d’Edith Head, Audrey Hepburn se rend à Paris pour l’achat des costumes. Entre Hepburn et Givenchy, le coup de foudre artistique est immédiat et marque le début d’une longue amitié.
Mais lors de la remise des Oscars, exit Hubert de Givenchy : Edith Head est récompensée comme seule costumière du film et « oublie » même de remercier le couturier français…

Audrey Hepburn et Edith Head se croiseront une dernière fois au restaurant, dans les années 1970. La relation entre les deux femmes sera toujours tumultueuse, surtout depuis qu’Hepburn relégua la costumière au second plan lors du tournage du célèbre Breakfast at Tiffany’s ; cette fois-ci, Hubert de Givenchy gagna la partie.

Après 43 ans de bons et loyaux services à la Paramount, Edith Head quitte la grande société de production américaine qui l’a révélée et chez qui elle a créé ses plus grands chefs d’œuvres. La costumière part rejoindre Universal Pictures le 27 mars 1967, pour un homme. Il s’appelle Alfred Hitchcock.

L’aventure Hitchcokienne

S’il y a bien un réalisateur qui ne pouvait se passer d’Edith Head, c’était Alfred Hitchcock. La costumière était celle avec qui le roi du suspens aimait par-dessus tout collaborer. Ils se sont retrouvés sur 11 films, dont quelques grands chefs-d’oeuvre du réalisateur :

Notorious (1946) ; Rear Window (1954) ; The Trouble with Harry (1955) ; To Catch a Thief (1955) ; The Man Who Knew Too Much (1956) ; Vertigo (1958) ; The Birds (1963) ; Marnie (1964) ; Torn Curtain (1966) ; Topaz (1969) ; Family Plot (1976)
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Grace Kelly

Grace Kelly était l’actrice préférée d’Edith. Sur la photo ci-dessous, la star porte une robe créée par la costumière dans La main au collet d’Alfred Hitchcock (1955). L’une des collaboratrices d’Edith raconte dans le livre Grace Kelly : icon of style to royal bridge de H. Kristina Haugland : « Grace, c’est celle que Mlle Head préférait habiller, car elle avait une beauté emblématique des années cinquante. Elle avait le tour de taille idéal, les sourcils parfaitement dessinés et rentrait tout naturellement dans le moule qu’Audrey Hepburn a rejeté sans ménagement ».
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Malgré leur amitié, Edith Head n’habillera pas Grace Kelly pour le plus beau jour de sa vie. H. Kristina Haugland raconte dans son livre l’anecdote de la biographe d’Edith Head : « Edith était extrêmement déçue quand elle a appris qu’Helen Rose [costumière de la MGM, ndlr] créerait la robe de mariage de Grace Kelly. Mais Grace lui a fait remarquer : « C’est la MGM qui paye la robe. Est-ce que la Paramount le ferait ? ». Edith admit que la Paramount refuserait.
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En 55 ans de carrière, Edith Head a traversé les époques par la mode.
Dès les corsets serrés de Mae West dans Lady Lou en 1933, elle a assisté à l’évolution vestimentaire de la femme et à son émancipation. Elle arrive à la fin des années 1920 et habillera les femmes depuis le temps d’ Autant en emporte le vent jusqu’aux périodes plus affranchies avec l’ère Annie Hall. Et de cette carrière prestigieuse sont nés des modèles légendaires.

Elle doit son dernier Oscar en 1970 à des hommes, avec le film L’Arnaque où elle habille Paul Newman et Robert Redford avec classe et élégance.
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Edith Head meurt en 1981 à l’âge de 83 ans, à Los Angeles, d’une maladie de la moelle osseuse. Elle aura marqué l’histoire du cinéma par son magnifique savoir-faire et ses costumes célèbres. Pour en savoir plus, sachez qu’elle a écrit deux livres : The Dress Doctor et How to Dress with Success.

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